Au revoir Monsieur Layton, vous allez nous manquer !
Bonjour à tous,
Comme la plupart d’entre vous, c’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris la mort de Jack Layton ce matin. Je me suis fait la réflexion que 61 ans, c’était bien trop jeune pour partir et laisser tellement de gens, de choses derrière soi. Je me suis aussi considérée privilégiée d’avoir déjà rencontré ce grand homme et d’avoir pu échanger assez longuement avec lui. J’en avais déjà parlé précédemment, mais cette rencontre avait été empreinte d’authenticité et d’une présence hors du commun.
Mon entretien avec ce dernier s’était déroulé en toute simplicité. Je me trouvais au Parlement pour une conférence de presse annonçant le dépôt du projet de loi c-51 par le NPD. Ce projet demandait que la loi sur l’assurance-emploi porte à 52 semaines le nombre de semaines de prestations de maladie en cas de maladies graves. Il sera reconduit cet automne. Nous sommes passés par son bureau. Il était là, en plein travail avec différents collègues. Avec une simplicité désarmante, il a tout simplement interrompu ce qu’il faisait pour prendre le temps de venir s’asseoir avec moi. Le naturel avec lequel il a effectué ce geste avait quelque chose de fascinant.
Le simple regard de cet homme, ainsi que sa poignée de main chaleureuse m’avaient profondément impressionnée. Au fil de notre discussion, je me suis sentie très touchée. Je me suis également rendue compte que l’homme connaissait bien mon histoire, une parmi tant d’autres pour lui, mais aussi qu’il était parfaitement au courant de la croisade que j’avais entreprise pour faire modifier cette loi archaïque. Bref, il était interpelé, présent, touché. Profondément humain. Et malade aussi…
Est-il nécessaire d’attendre la maladie, le cancer, pour se pencher sur ce problème de société que je dénonce depuis maintenant 2 ans ? M. Layton s’est donné la peine de laisser une lettre d’adieu des plus précieuses en héritage. Ce paragraphe est magnifique :
« Aux Canadiens qui se battent contre le cancer pour continuer à profiter pleinement de la vie, je vous dis ceci : ne soyez pas découragés du fait que ma bataille n’ait pas eu le résultat espéré. Ne perdez pas votre propre espoir, car les thérapies et les traitements pour vaincre cette maladie n’ont jamais été aussi évolués. Vous avez raison d’être optimistes, déterminés et convaincus face à la maladie. Mon seul autre conseil est de chérir tous les moments passés auprès de ceux qui vous sont chers, comme j’ai eu la chance de le faire cet été. »
Il a raison évidemment. Sur tous les points. Il faut profiter de cette vie précieuse. Il ne faut pas attendre pour s’entourer de ceux qu’on aime. Il faut lutter. Croire. Ne jamais cesser d’espérer. Par contre, comment cela se fait-il que chez des centaines de milliers de canadiens, cet espoir soit entravé par des difficultés financières qui deviennent vite insurmontables ? Comment cela se fait-il que ce Canada, qui représente les espoirs du monde entier, selon M. Layton, soit le seul pays du G-8 à supporter si lamentablement ses citoyens lorsqu’ils traversent une maladie grave ?
Rappelons-nous qu’au Canada nous n’avons que 15 semaines pour se remettre d’une maladie grave, telle que le cancer. Rappelons-nous également que cette loi n’a jamais été amendée depuis son instauration en 1971. Rappelons-nous aussi que tous les autres pays du G-8 (sauf ÉU) donnent plus d’un an de prestations et parfois jusqu’à 100% du salaire. Ici, nous devons nous contenter d’un maigre 55% de nos revenus, qui plus est, se retrouve imposé.
Combien de temps allons-nous endurer cette situation ? Alors, au nom de tous ceux qui traversent des épreuves aussi difficiles, et de tous ceux qui devront y faire face, je vous demande d’unir vos efforts aux miens en faisant circuler et signer ma pétition. Continuons de nous unir pour changer les choses et conserver notre dignité, même dans la maladie. C’est comme ça que nous obtiendrons un Canada meilleur, et une société en santé à tous les niveaux.
Je vous remercie. Je remercie Jack Layton pour cet héritage magnifique qu’il laisse derrière lui. Je remercie la vie de m’avoir donné l’occasion de le connaître un peu. J’offre mes sympathies à toute sa famille et à tous ceux qui étaient près de lui. C’était un grand homme. Un vrai.
Marie-Hélène